Pas facile de s’y retrouver n’est-ce pas ? L’endurance n’est pas une discipline communément pratiquée en club, elle demande un entrainement assez spécifique et une logistique à faire pâlir ! Oui car le calcul des points ne se fait pas sur une chute de barre, mais sur une équation à trois variables : ((Vitesse moyenne x 2) – Vitesse mini de l’épreuve) x 100 / Fréquence cardiaque finale.
Si toi non plus tu n’arrives pas à calculer ça de tête depuis le haut de ton poney et ne dispose pas de calculette, lève la main ! C’est pourquoi aujourd’hui je t’aide à préparer ta première course d’endurance.
C’est une question revenue fréquemment lors du « Question Tag » Instagram de la semaine dernière, donc j’ai décidé d’en faire un article. Voilà @Huecocotte c’est pour toi 😉
Préparer son cheval
Le premier niveau d’épreuve en endurance est de 10km (Club A, Club Poney 4, Club 4), ces trois épreuves sont divisées par tailles de poneys/chevaux et un peu par âge du cavalier du coup. Oui les parents peuvent emmener leurs bouts de chou faire une 10km shetland, la Club A avec eux et c’est ça qui est génial !
Pour les plus de douze ans, on commence en général sur le niveau d’épreuve Club 3 et Club 2 : la 20km. En Club 3 la vitesse moyenne se situe entre 10 et 12km/h sur l’ensemble du parcours alors qu’en Club 2 elle est de 12 à 15km/h.
Pour préparer son cheval ou son poney, sache qu’un poney de club est tout à fait apte à faire une épreuve de 20km car il sort régulièrement, tous les jours ou presque et est au travail. Il a donc une musculature et du fond pour réaliser cette boucle.
Le fond : le lent et long. C’est le travail du cœur, de la respiration mais aussi de la sûreté des membres. En endurance comme en complet ou en attelage c’est ce qui fait la différence. Un cheval doit être bien préparé en fond pour avoir l’énergie nécessaire à la réalisation de l’intégralité du parcours sans fatigue inutile et une solidité des membres pour franchir et valider l’étape.
Avant de parler entrainement parlons seulement condition physique. Regarde les marathoniens et les cyclistes par rapport aux sprinteurs ou aux nageurs, ils n’ont pas la même musculature. Les athlètes de fond ont les muscles étirés (ou longs), secs c’est pareil pour les chevaux d’endurance. Une musculature trop volumineuse ou de l’embonpoint vont être handicapants pour lui. Il faut veiller à ce que ton cheval soit en forme (vous savez la sortie de l’hiver avec le gros poil et le gras qui tient chaud…pas bon du tout).
Il y a deux points importants dans l’entrainement de ton cheval pour débuter : l’entrainement spécifique endurance (le travail de fond et le souffle) et le dressage (musculation et assouplissement). Et oui, les cavaliers d’endurance passent par la carrière, virez-moi ces idées reçues.
Breeeef ! Passons.
Comme je le disais précédemment, un cheval ou un poney qui sort régulièrement, qui travaille est apte à faire 20km. Pour lui faciliter la tâche et pour vous entraîner également il est recommandé de faire au moins deux longues sorties entre deux et trois heures de pas actif dans la semaine qui précède votre compétition. Ce sera un plus pour le souffle et pour les membres. Garde dans l’idée que c’est un minimum et qu’au plus tu effectues de longues sorties dans le temps, au pas ou aux allures sur du bon terrain, au plus tu prépares les membres de ton cheval, il se renforce.
La veille et l’avant-veille évite le travail en carrière, ton cheval a besoin de s’étendre et d’être souple pour parcourir les kilomètres, inutile de faire une séance de musculation avant, inutile de le fatiguer, au contraire il doit avoir éliminé un maximum de toxines et être au meilleur de sa forme pour la course. Par contre une petite séance d’assouplissement, de stretching dans votre cours du mercredi pourquoi pas.
Tu sais c’est comme à l’école lorsqu’on te demande d’apprendre tes cours dans le temps, au fil des leçons et non la veille au soir pour l’examen du lendemain…Bon ton cerveau peut un peu le supporter, par contre l’examen de natation euh…non ça n’a jamais marché sans avoir fait les longueurs avant.
Si tu cherches des astuces, des renseignements n’hésites pas non plus à parcourir la littérature existante sur l’endurance. Il existe plusieurs livres dont je fais la liste à la fin de cet article.
Connaitre le déroulement d’une compétition
Le matin de ta compétition est assez intense jeune padawan, alors concentre-toi. En général lorsqu’on arrive pour la première fois sur un terrain de compétition d’endurance c’est « le soukkkk ». En effet, pas forcément de structure, souvent des champs, des terrains de football ou de rugby, il suffit d’un grand espace pour accueillir une course.
Ta première étape : l’accueil cavalier pour récupérer ton dossier (carte vétérinaire, dossard, roadbook). Prends le temps ensuite de faire marcher ton cheval et de le panser, qu’il se dégourdisse avant de te diriger vers le contrôle vétérinaire où un membre de l’équipe va examiner ton cheval : métabolisme et allures. D’ailleurs les allures tu es au point sur le trotting ? N’hésite pas à lire l’article Préparer son trotting !
Là tu es au top Watson, prêt pour le départ ! Demande conseils aux vétérinaires présents, pour le déroulé de la boucle, pour l’hydratation de ton cheval, ils sont là aussi pour ça et connaissent les conditions climatiques et le terrain.
Une fois ton cheval prêt et toi en selle, il n’y a plus qu’à partir vous amuser à deux ! Au départ, vous donnez votre carte vétérinaire au staff qui note l’heure de départ et vous la rend. Ne la perds pas ! Confie-là à une personne de confiance #MamanGroom 😊 On l’a tous fait une fois…de perdre la carte…ou de l’oublier dans une voiture, bref surveille ce carton.
Ta vitesse sur la boucle est limitée selon l’épreuve : 10 à 12km/h si tu es en club 3 et 12 à 15km/h si tu es en club 2. Pourquoi pas se trouver un groupe avec lequel partir si tu es seul(e), c’est très formateur. Toutefois ton cheval doit être sociable et maîtrisé, pas la peine d’aller mettre le bronx chez les autres. Place-toi en queue de peloton si besoin, souvent les cavaliers qui ont des jeunes chevaux ou les très jeunes cavaliers demandent à partir avec d’autres. C’est l’avantage de cette discipline aussi, c’est un vrai sport d’équipe !
Sur la Piste
Pars au trot pour les premières vingt minutes, c’est l’échauffement. Prends le temps de chauffer les muscles, ceux de ton cheval et les tiens aussi hein, ne pas s’oublier ou tu vas connaitre des courbatures insoupçonnables.
Si tu es à 12km/h tu parcourras les 20km en 1h40, à 15km/h en 1h20. La différence n’est pas énorme, vingt minutes. Adapte ta vitesse de croisière en fonction du terrain. Laisse ton cheval s’étendre et trotter ou galoper avec l’encolure étendue.
Contrairement à un travail en carrière ou en saut où ton cheval doit être rassemblé et concentrer son énergie dans sa force; en endurance il doit économiser ses efforts. Il a besoin de faire de grandes foulées lentes et non de petites foulées rebondies. Essaye toi-même, lors de ta préparation, de courir en petites foulées (en montées de genoux aussi, même combat) puis d’étendre ta foulée loin, d’aller chercher avec le talon devant sans pour autant modifier ton allure. Tu verras, tu as besoin de moins de souffle et seras moins fatigué musculairement à la fin.
Attention, pour autant tu dois contrôler l’allure car, entre toi et ton cheval, tu es seul(e)s à savoir combien il reste de kilomètres à parcourir. Un trot trop rapide raidit et peut entraîner des boiteries. Les terrains durs ne sont pas bons pour les membres, au pas dans les montées et les fortes descentes, pas la peine de faire des efforts inutiles.
Contrôle final
A l’issue de la boucle, tu as 30 minutes pour passer au contrôle vétérinaire final. Pendant ce temps il faut rafraîchir ton cheval, l’aider à récupérer et éliminer la transpiration. Fais-le boire en priorité, dans une eau à température ambiante. Arrose l’encolure, entre les cuisses, ce sont les endroits les plus chaud où se trouvent les grosses veines. Attention au dos et à la croupe, l’eau froide peut entraîner des crampes, pas besoin de mouiller. Tu peux passer l’éponge (au sens propre hein) sur la trace du tapis car ton cheval sera sûrement sale ou plein de transpiration.
Pense à alterner arrosage et passage du couteau de chaleur pour éliminer l’eau chaude et la transpiration, lorsqu’il a récupéré, tu peux faire marcher doucement ton cheval.
Tu dois passer en dessous des 64 pulsations cardiaques par minutes. Une fois ce chiffre atteint, tu peux marcher pour que ton cheval continue de récupérer tout en évitant les crampes, arrose-le de temps en temps pour refroidir à nouveau. C’est pendant ce laps de temps que tu vas chercher à avoir la fréquence la plus basse possible pour gagner des points. Evidemment il faut connaitre la fréquence cardiaque de ton cheval au repos, sa nature calme ou stressée. Si tu ne l’as jamais vu en-dessous de 45 pulsations cardiaques, ne vas pas chercher le 36…logiquement ça ne marchera pas, je ne veux pas faire de faux espoir mais bon…
Les poneys peuvent souvent atteindre des cardiaques très bas, 32,34. Enfin moi, ma première 20 kilomètres j’avais un stressé un peu fou et suis restée à 52. Les chevaux qui ont du sang arabe auront plus de chance de descendre bas.
Garde une marge pour le passage au contrôle, au cas où il y a du monde. A lui de jouer maintenant pour le cardiaque, à toi pour le trotting Rider !
Pareil, demande des conseils au vétérinaire pour les soins d’après course selon l’état de ton cheval, son hydratation et son transit. Tu peux prévoir d’amener de l’argile ou un soin de récupération des membres à lui appliquer sous les protection de transport ou avec des flanelles et bandes de repos. Pour le reste je te laisses voir avec ton/ta coach, tes habitudes et les habitudes alimentaires de ton cheval. Si ton cheval est au box la nuit, il faudra le sortir au petit matin toute la journée pour le laisser se dégourdir les pattes et récupérer physiquement.
J’espère que ce brief de démarrage t’as plu ! N’hésites pas à me le dire sur Instagram en commentaire du post dédié, parles-moi de ton expérience en corse également !
Avant qu’on ne se quitte, voici la liste des ouvrages !
- Débuter et progresser en Endurance, Lucie Mercier ( Bonne introduction à la discipline)
- Tenir la Distance, Nancy S. loving (plus édité) ( une vraie bible de la connaissance physiologique du cheval d’endurance, l’oeil d’une vétérinaire sur la discipline)
- Endurance, Léonard Liesens
- L’Endurance, une passion partagée,Virginie Atger (de très bons programmes d’entraînements !)